Brésil singulier

26 octobre > 31 décembre 2005

Avec Héloisa Novaes, Janice Melhem Santos, Arthur Luiz Piza, Flavio Shiro et Julio Villani

Découvert en 1500, le Brésil est une terre de métissage racial et culturel, riche de ses apports amérindiens, africains et européens. L’absence d’un long passé de tradition n’a pas pu offrir au Brésil la légitimité d’une histoire de l’art sans rupture. C’est-à-dire une continuité faite de traditions techniques et spirituelles dont les rythmes d’épanouissement mais aussi de défaillance ponctuent des siècles de production artistique.

Principalement tourné vers l’Europe, l’art brésilien s’est formé progressivement par la prise de conscience des ressources incomparables dans l’immense métissage qui compose sa société. Absorption et mélange des autres cultures, cet accent particulier nourrit et assure sa vitalité et son originalité.

Une ouverture totale sur la multiplicité des horizons notamment les grands courants novateurs de l’art européen (cubisme, futurisme, dadaïsme, abstraction, constructivisme…) aurait pu provoquer une uniformisation progressive et un abandon des valeurs nationales.

Poursuivant une quête lucide de l’identité culturelle, cet art a su ne pas se figer en formules répétées mécaniquement. Le dialogue entre les cultures, conception si chère à Mario de Andrade (1893-1945), permet d’amalgamer ces influences variées, de les dépasser pour construire ainsi un langage pictural synthétique et inventif

Aux attaches diversifiées (à l’image de la société brésilienne), les cinq artistes brésiliens ici réunis revendiquent les privilèges de cet héritage singulier.

Janice Melhem Santos le suggère à travers la superposition des éléments constitutifs d’une peinture (ligne, couleur, surface) Acte pictural primordial, c’est cette succession infinie de traces qui donne corps, épaisseur et rythme à l’œuvre.

Expérimentateurs subtils des problèmes stylistiques comme leurs pairs et prédécesseurs, ces artistes brésiliens résidant à Paris perpétuent la poétique d’une expression artistique qui s’appuie de préférence sur l’esprit et les mœurs de leur pays.

Ainsi, Heloisa Novaes a su conjuguer ses attaches amérindiennes et son affinité avec le surréalisme pour élaborer une iconographie extravagante fidèle à son imaginaire sensuel et sensible.

Flavio-Shiró, qui appartient à la première génération d’artistes brésiliens d’origine japonaise, se permet d’être sans limites et sans œillères. Sa peinture impétueuse comme la sève rouge amazonienne, est une continuation immédiate et gestuelle de son état d’âme. Le perpétuel balancement entre figuration et abstraction est un état conscient nécessaire pour parler de chants de vie et de cauchemars, pulsions de vie et de mort.

Arthur Luis Piza a trouvé son ton juste dans la fusion intelligente entre l’art informel et le constructivisme en créant un dialogue délicat entre le rationnel et le sensible.

Sur une note humoristique et ludique, Julio Villani s’achemine vers un art plus simple, un art né du peuple sans négliger pour cela son intérêt pour le constructivisme, le dadaïsme ou encore le néo-dadaïsme.

La cinquantaine d’œuvres brésiliennes exposées nous invite à découvrir cet art vivant, condamné à s’inventer sans cesse, toujours en devenir.

2005-3