Le Paris de Boubat

16 janvier > 16 mars 2008

Dans la France de l’après-guerre, au lendemain de la Libération, la magie de chaque instant vécu paraît comme une qualité intrinsèque et indestructible de la vie. Édouard Boubat est saisi d’un immense appétit de vivre. Il veut communiquer cette perception, faire partager sa nouvelle vision. Comme un témoin. Et c’est toute son existence qui se fonde dans sa quête : célébrer le « réalisme poétique » de la vie quotidienne dont l’essentiel réside dans la simplicité toujours changeante, toujours présente.

Édouard Boubat aime la peinture mais préfère la photographie. Pour saisir le réel dans ses accents les plus imprévisibles, ce procédé offre la chance de fixer l’instant privilégié (offert à tout le monde à qui sait le « cueillir ») dans toute sa finesse. Car il présente une dimension qui dépasse les apparences : restituer l’atmosphère implicite. La photographie n’est pas une copie ; elle est « la retenue d’une vibration ».

Cette pratique ne demande pas de travail au préalable ; il sollicite la rencontre des éléments, des personnages et du photographe. « Croisée des rayons à travers l’objectif, croisée d’un regard avec le vôtre, croisée d’un instant avec un geste ». Il importe alors à Boubat d’entretenir cet « élan visuel amoureux » qui le pousse vers les choses pour mieux dérober l’insaisissable. Par la patience, la réflexion, le hasard, prendre son temps et savoir s’effacer. « Les photographies que nous aimons ont été faites quand le photographe a su s’effacer ». Rien que çà.

Paris, il le traverse tous les jours. Sa ville natale lui propose toujours un regard, une rencontre, un sourire d’enfant, l’éblouissement d’une certaine lumière. Des « paysages de vie » sans artifice qui font de la réalité matière à rêves. Et chaque jour est un voyage, presque un pèlerinage dans sa quête de l’imaginaire et du merveilleux. Le noir et blanc pour plus de marge au rêve, au souvenir et à l’imagination. Avec un espoir, « quand la photo devient une sorte de cadeau, celui de l’inattendu qui dépasse nos attentes », le plus grand bonheur !

Les 116 « bonnes photos simples » d’Édouard Boubat, sur Paris et présentées ici, ont l’accent d’un poème. Elles portent la trace d’une sensibilité formelle, enrichies de la perception d’un « œil » resté toujours vierge.

Two children at the counter of a clockmaker in Montmartre (Paris).
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Deux enfants au comptoir  d'un horloger à Montmartre (Paris).
19480000
Édouard Boubat, "Paris, France, 1948" © Édouard Boubat